Vous vous souvenez sans doute de Serge Buchard (à droite sur la photo). Atteint d’un lymphome NH (non hodgkinien) depuis 2011, il avait fait l’objet d’un post sur le blog d’EGMOS début 2015 et tient son propre journal en ligne où il se présente avec ces mots : un malade en rémission. Voici quelques nouvelles fraîches de notre ami helvète qui, depuis son autogreffe en 2014, a connu quelques moments difficiles. Après dix jours de coma et plusieurs semaines en soins intensifs, sa santé s’est améliorée mais il a dû se rendre à l’évidence : son autogreffe s’est soldée par un échec.
Depuis plusieurs mois, Serge connait donc une récidive de sa maladie mais il en faut plus pour abattre le bonhomme pour qui maladie rime avec défi. On le sait habité par une profonde rage de vivre et du désir de brandir toujours plus haut et sans jamais faiblir le flambeau de l’espoir pour toutes les personnes atteintes du cancer. Ses médecins ont bon espoir d’éviter l’allogreffe grâce à un nouveau traitement, le Zydelig et il garde donc le moral, ne manquant pas une occasion d’exprimer sa confiance et sa profonde reconnaissance envers ses médecins et tout le personnel soignant qui l’entoure : « Ils ont été exemplaires et dévoués, d’une bienveillance touchante à mon égard » affirme-t-il.
Depuis un mois, Serge est stimulé par l’espoir d’une nouvelle rémission et songe déjà à de nouveaux défis. Car notre pèlerin heureux, comme il se surnomme lui-même, est coutumier de prouesses sportives. En mai 2013, à 59 ans, il avait entrepris de rallier le glacier d’Aletsch en Suisse aux Saintes-Maries-de-la-Mer, soit un périple de 1000 km à parcourir à pied. Mission remplie en 36 jours.
En 2015, il avait décidé d’entreprendre une nouvelle aventure en compagnie de Jean Troillet, guide de haute montagne : se lancer à l’assaut du Briethorn, un sommet de 4.164 mètres voisin du Cervin. Mais à quelques encablures du sommet, victoire pratiquement acquise, une violente tempête de neige les a contraints à stopper leur ascension. Plusieurs médias se sont intéressés à cette épopée et ont fait le récit (plutôt glaçant !) de cette marche de 4 heures opérée dans des conditions météorologiques très hostiles : la neige qui tombe drue, les pas qui s’enfoncent de plus en plus dans la couche épaisse, le sens de l’orientation qui en vient à faire défaut et enfin, la sagesse du renoncement pour ne pas risquer le pire.
Malgré les aléas et la frustration, Serge ne regrette rien : « Cette escalade a été difficile et dangereuse, mais j’y ai pris beaucoup de plaisir et comme je le répète inlassablement, si cela peut donner de l’espoir et du courage aux malades atteints d’un cancer, je suis le plus heureux des hommes ». Cette expérience l’a aussi rassuré sur sa condition physique, notamment sur le plan cardiaque et le conforte dans son projet d’ascension du Mont Blanc, son rêve ultime.
Il compte bien à nouveau faire équipe avec son ami Jean Troillet. « Jean est un être extraordinaire, humble, généreux et l’un des alpinistes les plus aguerris au monde. Il a notamment à son actif 10 sommets de la chaîne Himalayenne, dont l’Everest à 8848 m, dont il a réalisé les ascensions en style alpin et sans oxygène » explique Serge. Mais Jean Troillet a aussi eu son lot de déboires, notamment un accident vasculaire cérébral (AVC) en 2011 alors qu’il escaladait une face glacée de l’Himalaya. C’est également un être socialement engagé qui croit en l’humain. Par l’intermédiaire de sa fondation, il favorise la réinsertion des jeunes en les confrontant aux difficultés de la montagne. A l’évidence, ces deux-là étaient faits pour se comprendre et parcourir un bout de chemin ensemble.
Encore une fois, grand coup de chapeau à Serge ! Respect devant un tel exemple de réalisme, de volonté et de foi en l’avenir, autant de qualités précieuses pour affronter la maladie, cet adversaire implacable qui survient sans crier gare. Nous lui souhaitons d’avoir toujours la même rage de vaincre et d’être plus fort que le mal.
Nos vœux l’accompagnent pour la poursuite victorieuse de ses aventures, tant sur le chemin de la rémission que sur la voie des cimes enneigées.
Crédit Photo Le Nouvelliste, RTS