La compatibilité tissulaire
L’allogreffe de cellules souches hématopoïétiques est une technique qui permet de guérir des maladies malignes et non-malignes de la moelle osseuse ou du système immunitaire. Mais avant de réaliser une allogreffe, il est nécessaire pour les médecins greffeurs de s’assurer que les cellules souches du donneur portent à leur surface les mêmes antigènes HLA que celles du greffé. Ces marqueurs sont une sorte de carte d’identité qui permet à notre système immunitaire de reconnaître les cellules qui nous appartiennent et de détruire celles qui nous sont étrangères. Il est donc essentiel que les tissus du donneur soient compatibles avec ceux du patient.
GvHD aiguë
Toutefois, dans la réalité, cette identité tissulaire n’est pas toujours pertinente. Un tout petit écart suffit à déclencher une GvHD aiguë. Celle-ci peut survenir en moyenne dans les 3 premiers mois qui suivent la greffe. Elle affecte principalement les intestins, le foie, la peau et parfois les poumons. On parle alors de GvHD digestive, hépatique, cutanée et pulmonaire.
GvHD chronique
Passés les 3 premiers mois, les greffés peuvent être confrontés à une GvHD qui s’installe et devient chronique. Celle-ci peut s’attaquer à plusieurs organes ou tissus et ses manifestations sont diverses, entraînant parfois des souffrances pour les patients :
- Sécheresse de la peau avec desquamation et durcissement de celle-ci.
- Sécheresse oculaire suivie d’une sensation de brûlure ou de grains de sable dans les yeux.
- Sécheresse de la bouche parfois accompagnée d’aphtes.
- Douleurs musculaires et articulaires.
- Manque d’appétit avec diarrhées, vomissements et perte de poids.
- Infections et parfois atteinte pulmonaire.
Les différentes allogreffes et leurs liens avec la GvHD
En relation avec l’âge et la pathologie des futurs greffés, plusieurs types de greffe leur sont proposés :
Allogreffe par sang de cordon ombilical
Le sang placentaire est constitué de cellules souches hématopoïétiques (CSH) jeunes, immatures et naïves. Il est ainsi possible de greffer à un patient des CSH issues de sang placentaire ayant une compatibilité HLA moindre. La richesse de ces greffons étant plus faible, la prise de greffe est souvent plus longue. C’est la raison pour laquelle un protocole de 2 unités de sang placentaire est envisagé. La reconstitution immunitaire des patients qui reçoivent ce genre de greffon est plus lente que pour les autres types d’allogreffe, ce qui peut constituer un terrain favorable aux infections. Quant à la GvHD, sa survenue est en moyenne moins élevée.
Allogreffe myéloablative
L’allogreffe myéloablative consiste, avant de transplanter les cellules souches saines d’un donneur, à détruire par une chimiothérapie et/ou une radiothérapie à forte intensité, les cellules tumorales et le système immunitaire du greffé qui pourrait rejeter la greffe. Une fois transplanté, le greffon du donneur se niche dans la moelle osseuse du receveur et génère de nouvelles cellules sanguines. Par ailleurs, le développement de son système immunitaire le dote de la capacité à détruire les cellules cancéreuses résiduelles. Ce type d’allogreffe est relativement toxique et les risques de réaction du greffon contre l’hôte (GvHD) ne sont pas négligeables. Il s’adresse plutôt à de jeunes patients.
Allogreffe non-myéloablative
L’allogreffe non-myéloablative évite la chimiothérapie à haute intensité. Avant la greffe, on donne au patient un traitement immunosuppresseur nécessaire à la tolérance du greffon. En bloquant ainsi l’action des lymphocytes, on évite le rejet et on fournit, par cette stratégie moins toxique, les moyens au système immunitaire du greffon de lutter contre la maladie (effet du greffon contre la tumeur) Ce type de greffe est recommandé à des patients plutôt âgés ou qui présentent des comorbidités. Ce traitement moins toxique n’exclut toutefois pas la survenue d’une GvHD.
Allogreffe de cellules souches prélevées dans le sang périphérique
Le sang ne contient pas beaucoup de cellules souches. Pour ce faire, on administre au donneur pendant 3 ou 4 jours un facteur de croissance pour inciter les cellules souches à croître et à se déplacer de la moelle osseuse vers le sang. Du sang, on prélève par voie intraveineuse les cellules souches. Ainsi recueillies, on renvoie au donneur le sang qui contient les éléments jugés non-essentiels. Celles-ci sont ensuite congelées jusqu’à leur utilisation pour la greffe. Par ce type de prélèvement, on obtient des greffons très riches en cellules souches. Dans la mesure où des éléments modérateurs de la GvHD n’ont pas été prélevés avec les cellules souches, l’incidence de la GvHD peut être plus élevée. Ce sujet est discuté par les praticiens.
L’allogreffe haploidentique
Cette technique est originale et révolutionnaire dans la mesure où elle autorise des greffes entre parents et enfants à 50% de compatibilité. Tout commence par un conditionnement plutôt classique. La nouveauté repose sur un protocole visant à administrer 4 jours après la greffe de l’endoxan à fortes doses. L’introduction de cette molécule va avoir pour effet d’éliminer les lymphocytes T les plus réactifs du greffon et laisser se développer les cellules les plus tolérantes. À la suite de ce traitement, les médecins greffeurs observent une diminution des GvHD aiguës et chroniques mais ils constatent aussi un risque de rechutes plus élevées. Cette technique de greffe en pleine expansion n’a pas fini de nous étonner.