Pour mes 40 ans, j’ai eu un drôle de cadeau : une leucémie !Vu l’impossibilité de poursuivre le traitement par chimiothérapie, il a été décidé de me faire une greffe de cellules souches hématopoïétiques. J’ai eu mon allogreffe en février 2007 et 2008 a commencé avec des GVH chroniques s’exprimant au niveau cutané et surtout ophtalmique. Ma sécheresse ophtalmique et ses kératites m’ont beaucoup handicapée. J’ai reçu les traitements habituels (collyres contre la sécheresse, ciclosporine locale, etc.) mais les améliorations étaient peu satisfaisantes et surtout pas pérennes. Les douleurs et l’impossibilité de faire beaucoup de choses (lire, écrire, regarder tout simplement un spectacle, un film, une expo, même faire du lèche-vitrine !) ne me permettaient pas d’avoir un très bon moral.
Et puis, on m’a proposé de tester l’auriculothérapie. On connaissait les effets bénéfiques de cette thérapie sur les sécheresses buccales faisant suite au cancer de la gorge. Personne dans mon entourage ne savait si on pouvait en attendre quelque chose pour la sécheresse oculaire mais j’étais prête à tester l’aventure avec une médecin de l’Institut Gustave Roussy.
Elle m’a expliqué le principe de cette thérapie où l’on stimule, par la pose de petits clous (Aiguilles Semi Permanentes) sur des points précis de l’oreille l’activation de circuits neuronaux. Il s’agissait de rebooter l’ordinateur et de rappeler aux glandes lacrymales que leur fonction est de produire des larmes. Dès la première séance, en juin 2011, les effets bénéfiques se sont fait sentir. Nous avons tenu des séances tous les 2 à 3 mois. Un délai juste pour moi car quand il arrivait à terme, la sécheresse s’intensifiait. Pendant ce temps de traitement, je voyais ma consommation de Larmabaks (larmes artificielles) diminuer clairement. Puis, les ophtalmos ont pu constater une nette amélioration de la kératite. Nous avons espacé les séances, tâtonnant dans notre expérimentation, diminuant aussi le nombre de points. Ce qui était sûr, c’est que lorsqu’une irritation apparaissait, elle ne durait pas (alors qu’avant ce traitement, le temps de récupération était long), que ma consommation de larmes artificielles a diminué de moitié dès la première année et que, tout en restant vigilante, j’ai pu reprendre des activités « normales ». Cette situation n’a fait que progresser et en 2014 les ophtalmos m’ont rajouté des bouchons méatiques pour garder mes larmes. Aujourd’hui, je passe des heures sur l’ordinateur et le Dr Doan a confirmé mes heureuses sensations de bien-être : il n’y a plus du tout de kératite à l’œil gauche. Et on me dit à nouveau que j’ai de beaux yeux ! bien ouverts !
Nathalie Simus
Informations techniques sur http://auriculo-scientifique.canal-medecine.com